«La durée de laTransition est fixée à 24 mois pour compter du 26 mars 2022 conformément à l’article 22 de la Loi no 2022-0001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la Transition». Ainsi en a décidé le président de la transition politique malienne, à travers un document devenu viral sur les réseaux sociaux. Par cette réduction du délai de la transition par la junte, beaucoup d’observateurs voient déjà un pied de nez qu’aurait voulu faire Assimi Goïta à la CEDEAO et à la communauté internationale. Cette décision, on le rappelle, est intervenue juste après le sommet extraordinaire des chefs de l’Etat et du gouvernement de l’Afrique de l’ouest, une réunion qui devrait se pencher sur la durée trop longue de la transition malienne et de celle d’autres pays de l’espace. Selon plusieurs analyses, la junte vient de montrer sa bonne foi en réduisant un peu le délai de la transition. Que dira la CEDEAO ? Elle qui, préconisait une transition de 16 à 18 mois.
Certes, tout auteur de prise de pouvoir par les armes, moyen anticonstitutionnel s’il en est encore de prendre possession du palais présidentiel, n’est point en mesure de braver les principes d’une organisation à laquelle son pays a adhérée librement. Assimi Goïta étant de surcroît un double putschiste devrait faire profil bas. Sauf qu’après ses félonies, deux autres colonels, en l’occurrence le Guinéen Mamadi Doumbouya et le Burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui ont également pris le pouvoir kalach en l’air, ont mis davantage à mal la fragile démocratie dont s’enorgueillissait l’ouest du continent. D’où quelque peu, le cruel dilemme qui s’imposait à la CEDEAO et à la Communauté internationale de sévir sans ménagement, au risque d’entraîner d’irréparables dégâts collatéraux, notamment pour les pays sahéliens dont les populations ploient déjà sous le poids des crises sécuritaire et humanitaire.