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EDITORIAL : La plus-value de l’invité

De plus en plus de par le monde, les nations autrefois dites prospères, rechignent à accueillir la misère du globe. La phobie de l’inconnu s’est installée peu à peu dans les habitudes des citoyens de ces Etats. Avec à la clef, la montée exponentielle de l’extrême-droite et des courants nationalistes. Du coup, l’étranger est accusé de tous les maux des Républiques occidentales, mal en point depuis quelques-années déjà et enclin à des maux quasi identiques à ceux qui poussent les « naufragés du sort » d’Afrique sur les routes périlleuses de l’immigration. Désormais dans les prairies occidentales, tout le monde n’est plus le bienvenu. La sélection devenant rude. Chez nos colonisateurs français, on parle ces derniers temps, de plus en plus de ‘’quotas à l’immigration’’. Un peu comme Brice Hortefeux qui sous la présidence de Sarkozi, parlait d’immigration choisie. Du pareil au même, sans que rien ne change à cette hypocrisie collective des descendants gaulois. Cette semaine qui s’achève, Paris a enfin réussi sa toilette. Elle s’est débarrassée de ce camp de migrants qui concentre à ses portes, la misère et le désarroi du monde. Et pour combien de temps ? Bien malin, qui pourra le dire !

Le mois de Juin de chaque année, étant par excellence le mois des réfugiés, le monde des contemporains s’est encore extasié autour de la question des réfugiés et des migrants dans une certaine mesure. Au-delà de cette frénésie collective, il y a lieu de compatir aux blessures passées et actuelles de tous ces vaillants subsahariens qui maintenus dans les liens de la servitude et de l’indignité humaine, ont fait les frais de la barbarie et de la folie des grandeurs de ces Arabes complexés de Libye et des déserts maghrébins.

Certes, le mieux-être a un prix. Et ils l’ont payé au plus fort. C’est pourquoi, à l’occasion de la célébration des prochaines journées, il faut laisser peu de place aux discours d’intello. Il faut surtout survoler les mots afin de mieux recentrer les maux. Ceux-là qui minent le quotidien des jeunes, hommes et femmes, mariés ou non, instruits ou pas, à se bercer d’illusion d’un lendemain meilleur et à oser le grand saut dans l’inconnu et dans le vide. Ces maux que comprennent peu ou presque pas, nombre de ces fonctionnaires en costard et cravate, roulant dans de rutilants 4×4 et toujours au frais. Hélàs ! Quand moins d’un dollar américain peut constituer le fossé entre vivre ou mourir de faim chez un valide d’Afrique, il n’hésite généralement pas à fuir l’inconséquence des politiques de son pays, afin d’aller voir dans la prairie occidentale, là où, il est dit que l’herbe est bien verte.

Seulement qu’aujourd’hui, il est révolu le temps où l’Occident pouvait tout accueillir de partout. L’herbe de la prairie est de moins en moins verte. Et les gouvernements de ces pays, exposés à la grogne de leurs populations malmenées par le besoin, cherchent à présent sportifs performants, scientifiques prolifiques, hommes de culture et de lettres avérés, aux talents multiples et convaincants, pour la verdir à nouveau. En somme, invité oui. Mais invité choisi. Au-delà de sa condition humaine, c’est désormais sa plus-value qui pèse dans la balance de la politique migratoire. C’est malheureusement la norme du cynisme d’un monde pris au piège de sa propre turpitude.

Gérard SESEA