Levées des sanctions contre le Mali après la réduction de la durée de transition : Goita, un géant aux pieds d’argile
En plein bras de fer avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis janvier 2022, Assimi Goita n’aura assuré le show que pendant six petits mois. Asphyxié économiquement par les sanctions de la CEDEAO, l’homme fort du Mali a vite céder plus tôt que prévu. En affront total contre ses pairs de la sous-région, le régime de transition qu’il dirigeait avait suscité beaucoup d’espoir sous le vieux continent.
Les panafricanistes bons teints se sont emballés très tôt voyant en Goita un prototype de la trempe des Thomas Sankara, Patrice Lumumba et autres anciens présidents africains qui ont su dire non aux injonctions du pays colonisateur. Car oui, la CEDEAO avait laissé transparaitre ce sentiment qu’elle agissait sous l’ordre de la France en imposant des sanctions qualifiées de cruelles contre le régime de Bamako.
En effet, la France avait usé de son entière influence grâce à ses lieutenants déguisés en chefs d’Etat pour asphyxier économiquement le Mali. Le pays dont ses ressources reposaient sur son transit s’est vu bloquer du jour au lendemain ses échanges avec les pays de l’espace CEDEAO. Ainsi, le 9 janvier 2022, le Mali a été confronté à la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec les États membres de la CEDEAO, à la suspension de toutes ses transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et au gel de ses avoirs domiciliés dans les Banques Centrales et Banques Commerciales de tous les Etats membres de la CEDEAO.
Ces sanctions étaient suffisamment lourdes pour être portées par un pays confronté à une crise politique et fragilisé par l’insécurité, avec des attaques terroristes récurrentes. Résultat des comptes, bien que décidé à aller au bout de sa détermination, Assimi Goita n’a pu résister que pendant six petits mois. La durée de la transition objet de bras de fer entre la CEDEAO et la transition qu’il dirige a été revue rapidement à deux ans au lieu de cinq précédemment annoncée. Ce retournement spectaculaire de situation avait surpris plus d’un et ce à quelques jours de la soixante et unième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO qui a eu lieu le 03 juillet 2022 à Accra. Une rencontre au cours de laquelle les sanctions économiques contre le Mali ont été levées.
Finalement, le tout puissant Goita adulé et présenté comme un gentleman agreement s’est finalement révélé comme un baobab aux pieds d’argile.
B.M