La junte malienne a ordonné, dans la nuit de mercredi 16 à jeudi 17 mars, la suspension de la diffusion de RFI et France 24 au Mali en raison, selon elle, de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée malienne et rapportées par les deux médias français, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Le gouvernement malien « rejette catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes Fama » (Forces armées maliennes) et « engage une procédure (…) pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de RFI (…) et France 24 », précise le communiqué signé du colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement, et transmis à l’AFP. Les émissions des deux médias se poursuivaient jeudi matin, a constaté l’AFP.
Le gouvernement malien vise notammen un reportage dans lequel RFI a donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe privé russe Wagner. La junte « rejette catégoriquement ces allégations contre les vaillantes Fama », précise le communiqué du colonel Maiga, qui va jusqu’à comparer l’action des deux médias français » aux pratiques et au rôle tristement célèbre de la radio ‘Mille Collines' », qui avait encouragé le génocide au Rwanda en 1994.
Paris et Bruxelles réagissent vivement
Une telle suspension de deux grands médias d’information étrangers n’a pas de précédent récent au Mali. RFI et France 24 qui couvrent de près l’actualité africaine, sont très suivies au Mali.
France Médias Monde, la maison mère de RFI et France 24, prend acte et déplore cette annonce : « France Médias Monde rappelle son attachement à la liberté d’informer et au travail professionnel et équilibré de ses équipes de journalistes. »
Le ministère des Affaires étrangères français a dénoncé des « atteintes graves à la liberté de la presse », et exprimé « son inquiétude face aux graves allégations d’exactions » rapportées par RFI et France 24 et contestées par la junte. L’Union européenne a jugé « inacceptable » la suspension des deux médias.