Enfin, c’est fait. Au bout de six mois de procédures et d’épreuves de nerf, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a été élue nouvelle directrice de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’était lundi après-midi. Et déjà, de grands chantiers l’attendent à la tête de cette institution, rendue moribonde par les guerres commerciales entre puissances économiques.
Ngozi Okonjo-Iweala, la Nigériane a été élue lundi après-midi au poste de directrice de l’Organisation mondiale du commerce. A la tête de cette institution, restée sans directeur depuis le départ du Brésilien Roberto Azévêdo, la tâche ne sera pas de tout repos pour l’ancienne ministre de l’Economie de Jonathan Goodluck. Remettre d’aplomb une institution paralysée et discréditée au moment même où la machine du multilatéralisme mondial est ensablée, ne sera pas chose aisée pour cette économiste de 66 ans, diplômée de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ex-numéro deux de la Banque mondiale, deux fois ministre des finances du Nigéria. Elle qui, dans la foulée de sa nomination et surtout pendant que la procédure piétinait, a tenu à lever toute équivoque en affirmant à la face de ses détracteurs, que si elle parvient à être nommée, ce sera non pas pour ses origines, mais plutôt pour ses compétences.
D’importants défis
Ces premiers mots de directrice ont d’ailleurs rappelé la situation de crise que traversent les économies du monde. Elle a immédiatement appelé à une remise en marche de l’OMC, jugeant « essentiel » que l’institution soit « forte » pour surmonter les « ravages causées » par le virus et relancer l’économie mondiale. « Notre organisation est confrontée à de nombreux défis mais en travaillant ensemble, nous pouvons collectivement rendre l’OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui », a-t-elle souligné.
Cette libérale convaincue n’est pas là pour renverser la table mais elle espère bien sortir l’organisation de la torpeur dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années:
« La première priorité c’est de trouver des solutions à la pandémie, a-t-elle déclaré. Pas seulement sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan économique. Et comment la libéralisation et la reprise du commerce va aider l’économie à repartir. J’aimerais après cela qu’on travaille sur les négociations sur les subventions au secteur de la pêche. Cela fait 20 ans qu’elles durent. C’est bien trop long. Alors qu’elles sont capitales, notamment pour la préservation du secteur ».
Autre priorité de la nouvelle patronne de l’OMC, institutionnelle celle-là : relancer le système de règlement des litiges de l’organisation, complètement paralysé depuis que Donald Trump a refusé de renouveler les juges de l’organe d’appel. L’arrivée de l’administration Biden va sans doute rendre la tâche du docteur Ngozi un peu plus simple. Même si elle ne règle pas tout dans une OMC où le bras de fer entre États est désormais la règle et le consensus l’exception.