Construction de nouvelles stations-services dans la ville de Cotonou : l’essence frelatée sous la menace d’une disparition progressive
Un tour dans les grandes artères de Cotonou et le constat est épatant. De nouvelles stations poussent comme des champignons au grand bonheur des usagers. De Carrefour Togoudo, en passant par Zogbo derrière le stade de l’amitié où à Maro Milliaire tout juste après la société Bâtiment, le paysage a complètement changé. De veille maison précédemment érigée ont laissé place à des stations-services modernes.
Taofic, vendeur d’essence au bord de la voie pavée menant au CEG Zogbo ne trouve pas d’inconvénients à ce que ces stations-services soient construites dans la ville. ‹‹ Bien vrai il y a de nouvelles stations construites dans la ville mais tout le monde ne peut pas aller à la station s’approvisionner donc nous on aura toujours nos clients ››, a-t-il laissé entendre. Près de lui, un autre commerçant sondé sur la menace qui plane sur la disparition de leur activité, pense que l’essence Kpayo ne disparaîtra pas de sitôt : ‹‹ Pour le moment on continue d’exercer notre activité c’est ça le plus important. Tant que le prix à la station sera plus élevé que chez nous, on trouvera toujours des clients ››.
Dame Kpossou, installée près de la station de Maro Milliaire, continue d’exercer son activité sans difficulté. ‹‹ Les clients viennent toujours s’approvisionner chez nous. Il y a la station là mais les gens préfèrent l’essence Kpayo ››, a-t-elle confié. Au Bénin, la vente de l’essence frelatée, communément appelée Kpayo, est un commerce suffisamment encré dans la sociologie béninoise. La proximité du Bénin avec le Nigeria a très tôt fait émerger le commerce depuis des décennies. Grâce à cette activité, plusieurs familles parviennent à être à l’abri du besoin. Longtemps combattue par les régimes précédents, notamment celui de l’ex président Boni Yayi, la vente de l’essence frelatée au bord des voies n’a jamais cessé. Chaque jour, de nouvelles personnes s’y installent dans le but de se prendre en charge. Malgré la lutte implacable du régime défunt avec des morts d’hommes à Porto-Novo dans un affrontement avec les forces de l’ordre, la filière a toujours émergé.
Une nouvelle dynamique impulsée par de nouveaux gestionnaires
En Conseil des ministres du mercredi 9 juin 2021, le gouvernement a décidé de retirer la gestion des stations-services à la société Sonacop et la confier à ORYX BÉNIN et BENIN ÉNERGIE. Cette décision vue de mauvais œil par certains observateurs s’avèrent désormais bénéfique quelques mois plus tard. Car de nouvelles stations sont érigées et celles vétustes démolies puis reconstruire, signe de la nouvelle dynamique certainement impulsée par les deux nouveaux gestionnaires. Cette situation pourrait engendrer progressivement la disparition de l’essence frelatée au bord des voies. Car si le carburant est disponible à moindre coût à la station, cela entraînera forcément la mévente chez les commerçants du Kpayo. Ils seront donc obligés d’abandonner cette activité.