Cocou AOUISSI à propos des mesures du gouvernement contre la cherté de la vie : « Une mesure qui ne tient pas compte des réalités du terrain »
Pour pallier à la cherté de la vie, le gouvernement a pris certaines mesures pour atténuer la souffrance des populations. Mais est-ce que ces mesures pourront vraiment impacter le quotidien des Béninois. C’est ce que votre journal a essayé de savoir en donnant la parole depuis quelques jours à des citoyens Béninois, notamment des enseignants pour opiner sur la question. Cocou AOUISSI, professeur au secondaire et l’un des syndicalistes des enseignants pré-insérés nous livre son avis.
Vif d’Afrique : Quelle est votre appréciation par rapport à la récente décision du gouvernement de pallier à la cherté de la vie en fixant les prix de certains produits de première nécessité?
C’est du folklore. L’idée de subventionner le prix de certains produits de première nécessité est bonne mais ne tient pas en compte des réalités du terrain. Par exemple les grossistes et les détaillants qui se sont approvisionnés à coût élevé avant ladite décision ne pourront pas vendre au prix indiqué par le gouvernement pour simple raison qu’ils s’écrouleront en perte. Le constat sur le terrain montre que le prix de certains produits tels que le riz, le maïs et l’huile végétale, produits localement ou importés demeure inchangé sur le marché malgré cette décision.
Selon vous est-ce que ces mesures peuvent avoir réellement d’impact sur le quotidien des Béninois ?
Non ou du moins pas automatiquement, car le gouvernement n’a aucun moyen pour faire suivre réellement la mise en application de cette décision, et les commerçants voudront d’abord vendre leurs stocks en fonction du prix d’achat. Il se pose alors la question de savoir pendant combien de temps le gouvernement compte maintenir cette mesure.
Comment vous vivez cette période vue votre situation d’enseignants Pré-insérés?
Très mal car bien avant même la hausse des prix des produits de première nécessité, les pré-insérés n’avaient pas une situation financière reluisante. Leurs émoluments trop bas ne sont payés que sur une période de 9 mois sur 12. Ils sont donc contraints avec la situation actuelle de tout dépenser avant la fin des 9 mois de payement pour ensuite entrer dans la période désertique des 3 mois sans salaire.
À propos de votre lutte il y a quelques mois pour revendiquer une meilleure condition de vie et de travail des aspirants, est-ce que quelque chose à changer depuis ce temps ?
Rien et absolument rien. Les cadres du ministère ont fui leur responsabilité devant les revendications légitimes que nous avons soulevées. Ils ont préféré la manière lâche en suspendant les meneurs pour laisser le problème perdurer.
Quel message avez-vous à adresser à vos collègues aspirants en cette période de cherté de la vie ?
Je leur souhaite simplement le courage et la foi en un avenir meilleur car aucune situation ne demeurera éternelle. Je finis en laissant à la méditation de tous les Aspirants, cette citation de Hubert Maga que j’adore qui dit: » Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maître de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie réfléchissez à hier et pensez à demain. Parce que la nature dans sa comptabilité est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste. »