Depuis plusieurs campagnes agricoles, les prix des engrais livrés aux agriculteurs, aussi bien pour les vivriers que pour le coton, sont restés stables, soit 240 FCFA/kg et 12.000 FCFA le sac de 50 kg. Cette stratégie a eu pour impact de renforcer les performances de notre agriculture et de mobiliser les producteurs pour la cause.
Mais, il s’observe actuellement une inflation des prix des matières premières ainsi que du fret maritime, en raison des effets de la pandémie de COVID-19, ajoutés à d’autres chocs extérieurs, ce qui a pour conséquence une hausse brusque et vertigineuse des prix d’acquisition des intrants agricoles notamment les engrais. Ceux-ci reviendraient à 22.500 FCFA le sac de 50 kg de NPK et 28.200 FCFA celui de l’urée, voire plus.
Un tel niveau de prix reste élevé et compromettrait tout autant la compétitivité de notre agriculture que la disponibilité de produits agricoles en quantité suffisante.
En effet, dans l’hypothèse de la cession des intrants aux prix du marché, il se dégage une baisse du niveau de rentabilité financière escompté à prix de vente constant. Ainsi, le revenu du producteur de maïs s’établirait à – 7325 FCFA à l’hectare contre 40.375 FCFA la saison dernière, soit une perte de 47.700 FCFA et celui du riziculteur s’établirait à 9.225 FCFA à l’hectare contre 73.125 FCFA la saison écoulée soit une baisse de 63.900 FCFA.
Une telle situation est de nature à provoquer un effondrement de la production agricole et menacerait gravement la sécurité alimentaire dans notre pays, si les dispositions adéquates ne sont pas prises.
Autrement dit, l’émulation des producteurs à utiliser et/ou à respecter les doses d’engrais se trouverait affectée, entraînant subséquemment une baisse du niveau de production nationale et partant, une hausse des prix des produits agricoles sur nos marchés voire une indisponibilité desdits produits.
En ce qui concerne la filière coton, les acteurs, prenant la mesure des enjeux, ont décidé de subventionner les prix des engrais y compris pour les vivriers à raison de 11,5 milliards de FCFA par l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC) sur ses réserves stratégiques et 13 milliards de FCFA par les égreneurs.
En dépit de cet effort substantiel, les prix des engrais resteraient tout de même prohibitifs et les menaces à la production agricole, réelles. Dès lors, l’intervention de l’Etat est requise pour stabiliser les prix de cession à un niveau soutenable, en vue de favoriser une campagne agricole performante notamment en ce qui concerne les produits vivriers.
C’est pourquoi, le Conseil a marqué son accord pour qu’il soit renoncé temporairement au prélèvement par l’Etat, de la « contribution à la recherche agricole » ainsi que de la « redevance de promotion agricole » au titre de la campagne 2021-2022, le tout représentant un appui de 31,5 milliards de FCFA.
Ainsi, les prix de cession des intrants aux producteurs au titre de la campagne 2022-2023 se présentent comme suit :
Engrais toutes catégories confondues : 280 FCFA/kg soit 14.000 FCFA le sac de 50 kg ;
Insecticides coton : 3.500 FCFA le flacon pour le traitement de demi hectare ;
Herbicides totaux : 3.500 FCFA/l ;
Herbicides sélectifs : 7.011 FCFA/l ;
Herbicides sélectifs précoces : 7.011 FCFA/l.
Les objectifs poursuivis par ce soutien de l’Etat exclusivement en faveur de la production agricole nationale devant être atteints, le Conseil rappelle qu’il est formellement interdit de faire sortir ces intrants du pays et/ou de les revendre. A ce titre, tout contrevenant s’exposera à des sanctions particulièrement sévères.
Les ministres concernés sont instruits à l’effet de faire assurer une veille permanente par les services habilités, autant que par la participation citoyenne.
II-2. Homologation des prix d’achat de coton graine aux producteurs au titre de la campagne cotonnière 2022-2023.
Les prix d’achat du coton-graine aux producteurs au titre de cette campagne ont été homologués comme suit :
coton-graine conventionnel : 300 FCFA le kg pour le 1er choix et 250 FCFA le kg pour le 2ème choix contre respectivement 265 FCFA et 215 FCFA au cours de la campagne écoulée ;
coton-graine biologique : 360 FCFA le kg pour le 1er choix et 310 FCFA le kg pour le 2ème choix, contre respectivement 318 FCFA et 268 FCFA au cours de la campagne précédente.
Quant aux prélèvements traditionnels, ils s’élèvent à 13 FCFA/kg de coton-graine au titre des fonctions critiques, et à 5 FCFA/kg de coton-graine s’agissant de la réserve stratégique.
Les ministres chargés du dossier prendront les dispositions appropriées pour assurer le bon déroulement de la campagne agricole.