Depuis la défaite de son homologue et mentor américain, le président brésilien Jair Bolsonaro est en pleine tourmente. Sur la scène internationale, il est de plus en plus esseulé. Au cœur de cette tempête géo-politique, il continue quand-même de soutenir son homologue Donald Trump, envers et contre tous.
Sur la scène internationale, le sulfureux président brésilien Jair Bolsonaro, dirigeant d’extrême droite est l’ami d’autres dirigeants ultra-conservateurs, aux allures de mégalomanes, un peu à l’image de leur chef de file, le très controversé Donald Trump. Arrivé au pouvoir depuis ans, il avait notamment promis de mettre un terme à toute sorte d’alignement diplomatique sur fonds d’idéologies politiques peu inspirées. Fort de cette volonté de révolutionnaire, il a fini par se rapprocher dès le début de son mandat d’autres pays aux dirigeants singuliers, comme Viktor Orban de la Hongrie ou Benjamin Netanyahu de Israél. Une posture radicalement différente de la tradition de multilatéralisme de la diplomatie brésilienne.
Dernier dirigeant du G20 à reconnaître la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle, Jair Bolsonaro continue jusqu’à ce jour de relayer les accusations de « fraude » de son champion Donald Trump. Loin de lui d’ailleurs, toute intention de condamner les violences de la semaine dernière au Capitole. Jusqu’au bout, le président brésilien a été en déphasage et à contre-courant de la communauté internationale, y compris de nombreux alliés du président américain sortant. C’est de bonne guerre.
Par ailleurs, son fils Eduardo, qui préside la commission des Relations extérieures de la Chambre des députés, a même modifié sa photo de profil sur Twitter pour y mettre une image de Donald Trump afin de protester contre le bannissement de ce dernier des réseaux sociaux. Ce virage à 180 degrés sur la scène internationale n’est pas si surprenant de la part d’un président qui multiplie les provocations et les dérapages, notamment sur l’environnement et les droits de l’Homme.
« Un Chef d’Etat perturbé »
Mais au bout du compte, le Brésil a fini par s’éloigner de tous ses principaux partenaires commerciaux. A commencer par la Chine, avec des tensions autour de l’appel d’offres pour la 5G, l’administration Trump ayant fait pression pour l’exclusion de l’opérateur chinois Huawei. Et les commentaires visant à discréditer le vaccin chinois CoronaVac contre le Covid-19 n’ont sûrement rien arrangé, même si le pays asiatique continue à absorber un tiers de ses exportations, avec son énorme demande de soja et de minerai de fer.
La déforestation record et les incendies qui ravagent l’Amazonie empoisonnent les relations avec la future administration Biden, ainsi que l’Union européenne, menaçant la ratification d’un accord commercial avec le Mercosur. Pour ce qui est de l’Argentine voisine, le président brésilien a dénoncé récemment la légalisation de l’avortement par le Parlement, qui, selon lui, revient à « faucher des vies d’enfants avec le consentement de l’Etat ».
Et le Brésil n’est pas parvenu non plus à affaiblir le régime socialiste de Nicolas Maduro au Venezuela, qualifié de « dictature » par Jair Bolsonaro, qui a soutenu de façon appuyée l’opposant Juan Guaido. « Rien de ce qu’ils avaient annoncé, sur le Venezuela, une alliance des démocraties pour vaincre le communisme, toutes ces bêtises idéologiques, rien ne s’est concrétisé », a dit à l’AFP Paulo Roberto de Almeida, ex-directeur de l’Institut de Recherches en relations internationales (IPRI), lié au ministère des Affaires étrangères. Limogé de ce poste en 2019, première année de mandat de Jair Bolsonaro, il compare le président d’extrême droite à un « Don Quichotte perturbé qui se bat contre des moulins à vent ». Avec des risques certains pour l’économie, certains spécialistes voient tout de même Jair Bolsonaro maintenir son ton « agressif contre tout le monde » pour « mobiliser sa base électorale » en vue de la présidentielle de 2022.