Zéro mort, zéro blessé, zéro coupure de l’internet, pour la Présidentielle française : A quand une élection pareille en Afrique ?
Zéro mort, zéro blessé, zéro coupure de l’internet, zéro couvre-feu, zero manifestant interpellé, zéro urne emportée par des forces de l’ordre pour le compte du président sortant, zéro tir de l’armée sur des populations, zéro coup KO, et des résultats connus avant le lendemain. C’est le bilan du premier round de l’élection présidentielle 2022 en France.
Une belle leçon de démocratie pour l’Afrique dont les formes de pouvoir et les régimes politiques nés sur ce continent après les indépendances ont atteint de telles extrémités que certains ont fini par croire que les guides suprêmes à perpétuité, les empereurs burlesques et les soudards exterminateurs, représentaient la norme africaine et non l’exception. Un chef d’État dont chaque sujet est membre du parti unique dès sa naissance. Un empereur intronisé, faute de Pape. Des présidents à vie et même tout dernièrement, un président rééligible indéfiniment. Tout cela est possible.
Tout cela a été fait. On aura donc tout vu, tout expérimenté en Afrique en matière de prise du pouvoir par la force et de maintien de l’ordre établi par la brutalité ou la manipulation des masses. Mais jamais d’élection présidentielle sans heurts. Beaucoup d’observateurs parlent de parodie d’une démocratie dont a tellement répété qu’elle n’était pas faite pour l’Afrique. Une façon de dire que c’est l’Afrique elle-même qui est inadaptée à la démocratie. Certains observateurs ont pensé sans le dire que l’Afrique était politiquement incurable. « La démocratie, dit un aphorisme anglo-saxon, c’est comme un gazon anglais: il faut l’avoir semé il y a mille ans et l’arroser tous les jours. »
A ce compte-là, pas un pays de la planète ne peut se revendiquer démocratique. Mais l’aphorisme a ceci de vrai que le temps et le soin apporté sont déterminants en la matière. On pourrait comprendre que malgré qu’ils étaient au moins 48 millions de Français appelés à voter, dimanche 10 avril dernier, pour le premier tour d’un vote aux enjeux multiples et d’envergure. Si c’était en Afrique ou élection rime avec violences et toutes sortes d’atteintes aux droits de l’homme, le schéma aurait été tout autre. La démocratie a besoin au regard de l’expérience française, de jardiniers nombreux, maniaques et persévérants.