Le 20 janvier 2016, le richissime homme d’affaires, Donald Trump, arpente les marches de la Maison- Blanche en sa qualité de 45e président élu des Etats-Unis d’Amérique. Après un parcours élogieux dans le monde des affaires, le locataire approuvé du bureau ovale expérimente l’une des fonctions, non seulement les plus prestigieuses mais surtout, les plus délicates ; celles de président des Etats Unis, première puissance incontestable du monde. Au lendemain d’une campagne électorale rude, Donald Trump succède à Barak Obama, malgré le soutien affiché de ce dernier à sa dauphine désignée, Hilary Clinton.
Comme pour matérialiser un pacte social accepté par le verdict des urnes le 08 novembre 2015, conformément aux principes universels reconnus, le président Trump s’engage résolument dans un univers de réformes, tant dans sa politique intérieure qu’extérieure; remettant parfois en cause, certaines prouesses applaudies de son prédécesseur. Ardent défenseur d’une Amérique forte; une philosophie politique qui plonge ses racines dans les entrailles du 19e siècle, Donald Trump affiche une détermination qui séduit plus d’un. Cette approche politique, déjà défendue lors des primaires et même après, connut son palmarès avec la cascade de décisions prises au cours de sa mandature contestée.
Bien que parfois décrié par ses adversaires politiques, les démocrates, il parait impérieux de notifier que Donald Trump a tenté d’inculquer au peuple américain, la fierté d’une renaissance retrouvée par une nouvelle approche de la gouvernance. Cela se justifie par sa logique protectionniste que d’aucuns qualifiaient de méthode peu orthodoxe dans un espace globalisé et multilatéral, enclin aux réalités du monde changeant, mais aussi, forgé par les nouvelles règles et exigences de la communauté internationale.
Comme connu, l’exercice du pouvoir s’identifie fondamentalement à travers, d’une part, la volonté politique manifestée du «politique» en tant que sujet et objet de l’Etat en action, et, d’autre part, et plus généralement, à travers l’audace dans les décisions, même si, celles-ci connaissent parfois des contestations. Ce postulat a semblé caractériser la mandature du désormais ex-président des Etats-Unis Donald Trump. En effet, à observer les nombreuses initiatives qui sont les siennes, la conscience scientifique exige du spécialiste avéré des questions de politiques étrangères, une certaine objectivité dans l’analyse de la pratique diplomatique du locataire déchu de la Maison- Blanche, malgré le crépuscule précipité d’un règne désapprouvé.
Architecte d’une nouvelle approche de coopération internationale, susceptible de redéfinir la «grandeur perdue» des Etats-Unis, Donald Trump reformate le logiciel existant par un particularisme identifiant sur la scène internationale. Au Proche et au Moyen-Orient, en Europe et en Asie, la démarche diplomatique de l’administration Trump est sortie du canevas classique reconnu à ses prédécesseurs. Les rencontres avec le leader nord-coréen, le deal du siècle de paix entre l’Etat hébreux et la Palestine, le retrait tactique et progressif des contingents américains en Afghanistan, en Irak, et même en Somalie, la reformulation de l’accord commercial avec le vieux continent européen, l’avalanche des sanctions à l’endroit des industries concurrentielles de la Chine continentale, la vision de l’ex-«numéro un» des Etats Unis, a longtemps fasciné la tradition diplomatique de la Maison-Blanche.
De même, les tentatives américaines de positionnement géopolitique et géostratégique mises en branle depuis 2016 ont relancé les velléités d’un espace global dominé par Moscou et Washington. Les hostilités au Yémen, en Syrie, en Amérique latine, en Europe orientale et en Afrique rappellent les exigences du principe domino, fragilisant l’homogénéité d’un système international en déclin. Malgré un déterminisme politique sur la scène internationale, les réalités de sa politique intérieure peu encourageantes ont poussé les Américains à célébrer l’apogée prématuré du trumpisme par une grand-messe électorale aux conséquences inestimables. Le rêve d’une nouvelle naissance voulue à la grande nation américaine s’estompe au soir d’un vote très contesté qui relance le débat sur la crédibilité jadis enviée de la démocratie américaine.
Du point de vue scientifique, la politique étrangère des Etats-Unis sous Donald Trump a une double dimension analytique. Dans un premier temps, sa portée économique plus perceptible et, dans un second temps, le paramètre géostratégique qui pèse moins dans sa conception de la coopération internationale. L’interprétation scientifique se propose ici de parler de la pesanteur géoéconomique plutôt que de la géostratégie, ce qui, de facto, redimensionne le paradigme traditionnel de la puissance interventionniste américaine.
Deux critères soutiennent l’analyse géoéconomique de Trump. Le premier, l’accord commercial avec l’Europe qui remet en cause les idéaux du Plan Marshall ; le deuxième, c’est bien évidemment les antagonismes commerciaux entre les deux superpuissances économiques du monde : les Etats-Unis et la Chine. Les sanctions et les embargos contre Pékin confirment cette hypothèse. Une pratique qui relance le débat sur les rivalités observées pendant la guerre froide ; même si, la connotation conflictuelle reste dominée ici par la pesanteur «économie» contrairement à la donne politico-militaire des années 60-70 entre les blocs Est et Ouest.
Quant au postulat géostratégique, trois paramètres se dégagent. Le premier reste la ‘’souplesse hypocrite’’ dans les rapports de force entre Moscou et Washington, qui se matérialise à travers une méfiance réciproque sur la scène internationale ; le deuxième c’est non seulement la diminution des effectifs militaires américains dans des zones en pleine ébullition, mais surtout la contribution revue à la baisse des Etats-Unis au budget de la plus grande alliance militaire au monde ; l’Otan. Le troisième paramètre est le paradoxe de l’«Afrique oubliée» dans les catalogues de la diplomatie de la Maison- Blanche sous la mandature du président Trump, contrairement à ses prédécesseurs qui stratégiquement, profitaient de la virginité naïve de ce continent pour en faire leur cheval de bataille.
L’interprétation de ces deux pôles d’analyse confirme l’idée préalablement développée, selon laquelle la grandeur perdue et la fierté d’une renaissance retrouvée développée par l’idéologie du trumpisme devrait impérativement être rétablie d’abord et avant tout, par la restauration d’un leadership économiquement offensif et inégalable, plutôt qu’une course effrénée au positionnement géostratégique aux allures américano-soviétiques.
Même si l’apogée précoce du trumpisme aux Etats-Unis se résume d’un point de vue objectif aux aléas d’une restructuration politico-sociale mal contenue ; il importe de rappeler que les enjeux internes orchestrés par la pandémie du Covid-19 et surtout la politique migratoire rigide aux empreintes nationalistes ont interrompu le rêve d’une ambition longtemps soutenue.
Par Collaboration extérieure